Ouzbékistan

Samarcande #2

La place du Registan était le cœur de Samarcande. Registan veut dire « place de sable ». Il y en avait une dans chaque ville ouzbèque, c’était une grande étendue recouverte de sable qui servait de lieu de rassemblement pour annoncer les desideratas du Khan, les célébrations, les exécutions publiques. Au 14ème siècle, 6 grandes artères reliaient les portes de la ville à la place. Les rues étaient bordées de boutiques ; il y avait un immense bazar et un grand marché couvert à coupoles (vous vous rappelez le « tim » de Boukhara ?).
Aujourd’hui, il reste trois médersas disposées en U autour de la place du Registan.

La médersa d’Oulougbeg, sur la gauche de la photo, est la plus ancienne, elle date de 1417. On la reconnait à ses deux gigantesques minarets de 33 mètres de haut. A l’époque, c’était la plus grande université d’Asie Centrale, qui accueillait une centaine d’élèves étudiant l’astronomie, les mathématiques, la philosophie et la littérature.

Ses deux minarets ont perdu tour à tour leur verticalité : le 1er en 1920, le second en 1965.

En 1994, pour le 600ème anniversaire de la naissance d’Oulougbeg, les travaux de restauration terminés avaient rendu à la medersa sa splendeur d’origine.

Entrons à l’intérieur… Comme d’habitude, elle est envahie par les marchands du temple.

Elle possède de jolies majoliques mises en valeur par des mosaïques.

En face de la médersa d’Oulougbeg se trouve la médersa Sherdor, construite entre 1619 et 1635 à la place d’un caravansérail.

Son embellissement est original ; il a pour thème le soleil. D’après la légende, l’architecte qui a bâti la médersa a été puni pour ne pas avoir respecté les lois de l’Islam qui interdisaient l’art figuratif. En effet, son pichtak est orné par des tigres-lions qui portent sur leur dos des soleils à face humaine. Ils poursuivent des biches blanches fuyant au milieu de fleurs. L’ensemble constitue un chef d’œuvre de l’art islamique.

C’est le lion-tigre qui a donné son nom à la médersa, « sherdor » signifiant « celui qui porte le lion ».

La cour intérieure est embellie par des motifs floraux jaunes, verts et bleus. Ce style est appelé « style floral timouride », en référence au conquérant Amir Timour, appelé Tamerlan.

Des arbres de vie sont représentés dans la niche d’un des iwans de la cour.

Deux coupoles à bulbe cannelé coiffent les deux salles d’études de la médersa.

Dans le prochain article, nous entrerons dans la troisième medersa de la place du Registan. Attendez-vous à en prendre plein les mirettes !

De tout et de rien

Samarcande #1

Notre dernière étape sur la route de la soie en Ouzbékistan sera pour la deuxième plus grande ville du pays dont la population dépasse les 500 000 habitants. C’est surtout l’une des plus anciennes villes du monde, qui a fêté son 2750ème anniversaire en 2007 !!! Au cours de son existence, elle a collectionné les surnoms : le visage de la terre, la précieuse perle du monde islamique, le miroir du monde, la Rome de l’Orient, le centre de l’univers.
Aujourd’hui c’est une belle ville verte, avec des avenues ombragées et de nombreuses fontaines.

Pendant des siècles, Samarcande a été le centre de la culture, de la science, des métiers et du commerce du monde oriental.

C’était la plus grande et la plus belle ville d’Asie centrale. Plusieurs religions comme le bouddhisme, le zoroastrisme, l’hindouisme, le judaïsme, et le christianisme y cohabitaient.

A la fin du 6ème siècle avant JC, les Perses s’emparent de la région. Entre 329 et 327 avant JC, Alexandre le Grand met fin à 3 ans de résistance acharnée pour devenir le maitre de Samarcande. Il prononce alors ces paroles : « Tout ce que j’ai entendu sur les beautés de Samarcande est vrai, sauf que Samarcande est encore plus magnifique que je ne l’imaginais ». Après la mort d’Alexandre, Samarcande redevient à la fin du 4ème siècle avant JC une étape importante de la route de la soie. Des caravanes transitaient par la ville en provenance de Chine, d’Inde, de Sibérie, d’Iran et de Byzance.

Puis différents peuples Huns, les Turcs Bleus, les Chinois s’emparèrent de la ville à tour de rôle. En 712, ce sont les Arabes qui conquirent la ville ; ils mirent la main sur les secrets de fabrication du papier détenus par les Chinois. Samarcande devint le centre de la fabrication et de la diffusion de ce nouveau support d’écriture réalisé à partir de branches de mûrier.

En 1220, Samarcande, comme Boukhara, fût pillée par Gengis Khan qui alla jusqu’à détruire les canaux d’irrigation de la ville complètement en ruines. En 1360, commença une nouvelle époque pour Samarcande ; le conquérant Amir Timour, dit Tamerlan, en fit la capitale de son empire.

En échange de la vie sauve, des artisans de tous les pays envahis vinrent construire des grands palais, des médersas, des mosquées, des mausolées. Ces monuments firent la renommée de la cité.

Le prince et astronome Oulougbeg (1394-1449), petit fils d’Amir Timour, fit construire un observatoire qui servit aux travaux de 70 savants.

En 1507, ce sont les Ouzbeks qui s’emparèrent de la ville sans rien détruire ; c’est à cette époque qu’elle atteint son apogée. Les Ouzbeks se mêlèrent aux turcs et aux Iraniens qui les avaient précédés dans l’histoire. Puis au 16ème siècle, Samarcande passa sous le pouvoir du Khanat de Boukhara. Certaines de ses médersa tombèrent lentement en ruine, notamment celles situées sur la place du Registan.

Le 11 février 1925, Samarcande devint la capitale de la République Socialiste Soviétique d’Ouzbékistan. Les travaux de restauration de la place du Registan commencés au début du 20ème siècle se poursuivirent ; aujourd’hui encore, tous les jours des travaux assurent la pérennité des monuments.

La place du Registan reste le plus grand et le plus élégant ensemble architectural du monde musulman. Vous pouvez l’admirer sur les extraits de vidéo ci-dessous que nous avons filmés lors du spectacle de son et lumière quotidien.

Nous vous invitons à entrer avec nous sur la place après le spectacle ; c’est l’occasion d’être quasiment seuls au milieu des trois médersas qui représentent l’attraction principale de Samarcande.

De nuit, avec l’éclairage sophistiqué, les mosaïques présentent un décor magique !

Pour le prochain reportage, nous retournerons sur la place du Registan de jour pour visiter ces trois superbes medersas.